PourLa forêt où chantent les fées, vous n'aurez qu'à écouter les sons ambiants lorsque vous vous trouverez sur l'île pour localiser où se situe chacune des fées que vous recherchez. Plus le chant
Résuméde la quête. Demandez à Juneer, l'herboriste, de vous raconter la légende des fées de la forêt. Déroulement de la quête. Niveau de la quête : 52; Niveau minimum pour l'activer : 50; Niveau maximum pour voir la quête : 99; Activation de la quête. Juneer - Côte des Lamentations - Maréfange - Coordonnées (37.6 ; 70.7)
Latorche équine (libre) Aller à la fin de la page : 2 participants. Aller à la page: 1, 2, 3: Auteur Message; Dark Moon de messages : 3248 Age : 23 Date d'inscription : 30/04/2013 Personnages Personnage principal : Dark Moon (Pégase) Persos libres pour rp : Juments pleines : Sujet: Re: La torche équine (libre)
Guidede quête de la forêt où les fées chantent dans Arche perdue La quête commencera sur Lullaby Island après avoir parlé à Traveler Eclipse. Elle vous dira qu’il pourrait s’agir d’une fée cachée quelque part sur l’île de Lullaby. Avant de commencer à trouver la fée, assurez-vous d’acquérir la partition Chanson de résonance de Peyto.
LAFORET DES FEES à PARIS 12 (75012) RCS, SIREN, SIRET, bilans, statuts, chiffre d'affaires, dirigeants, cartographie, alertes, annonces légales, enquêtes, APE
Sousle nouveau nom "Frosty Fairy Tale & Carven Quest", vous pourrez profiter de scènes de conte de fées agréables, avec des guirlandes lumineuses et des couronnes de Noël dans tout le parc. Du 18 novembre au 8 janvier (du vendredi au lundi et vacances de Noël).
9bH3j. Aujourd’hui, je vous propose de faire entre la forêt, le sauvage, sur votre table des saisons ou au pied du sapin pour un cadeau ! en réalisant ce renne en laine feutré renne, cerf, caribou… ce sont tous des cervidés participant certainement de la même symbolique, peu ou prou. Les cervidés accompagnent l’humanité depuis la Préhistoire où l’on trouve ses représentations sur les parois des grottes. Étroitement associés à la spiritualité des pays du nord, un grand dieu en possède même les attributs cornus Cernunnos. Certainement préceltique, il a traversé les âges, et a même été repris par ces saints de notre Bretagne qui chevauchent des cerfs Saint Cornely, Saint Théleau, Saint Edern. A noter que ces cerfs ont souvent la capacité de voler. Car voilà un attribut très répandu parmi les cervidés ils peuvent voler ! On trouve en Sibérie, une imagerie vieille de 3000 ans représentant des cerfs en vol. On les retrouve aussi sur les tatouages des momies Pazyryk portant le costume du chaman… Que serait alors le rôle cervidé en cette période de fin d’année ? Certainement de nous permettre de monter sur son dos pour voler vers le soleil afin de recevoir sa bénédiction. Êtes-vous pour cette chevauchée solaire ? Que vous faut-il pour réaliser le renne en feutrine ? Voici la liste de ce dont vous avez besoin de la feutrine marron de la feutrine beige ou approchant des ciseaux une aiguille à broder/coudre des épingles du fil à broder ou à coudre tout dépend du point employé le patron du renne, imprimé sur papier à l’échelle souhaité, et les éléments découpés une craie de tailleur ou un crayon gel blanc Vous pouvez télécharger l’image ci-dessous Ce tutoriel est plutôt adapté aux enfants déjà à l’aise avec la couture et, bien sûr, aux plus grands. Ceux qui savent déjà bien coudre peuvent employer le point de feston pour assembler le renne ; les autres peuvent l’assembler au point avant, ou, plus solide, au point arrière ; voici un rappel des points Avec un crayon gel ou tout autre crayon pouvant servir à la couture, reportez les éléments du patron sur la feutrine et découpez en autant d’éléments qu’indiqué sur chacun ; utilisez une couleur différente pour le ventre et les entre-pattes » ainsi que pour les cornes ou tout autre arrangement qui serait plus conforme à vos attentes ! Découpez tous les éléments en feutrine oui, il en manque sur mon image… j’avais oublié une paire d’éléments pour la deuxième corne ! On va maintenant épingler notre renne en feutrine afin de coudre l’entrejambe au corps ; commencez par épingler comme sur la photo en plaçant l’entrejambe sur une des faces retournées du renne. Attention sur ma photo, je me suis trompée la pointe la plus longue de l’entrejambe/ventre doit être sous la tête du cervidé, et non l’inverse comme sur ma photo. Recourber l’entrejambe comme sur la photo Épinglez maintenant l’entrejambe sur la deuxième face du renne ; cela devrait vous donner quelque chose ça attention, il y a toujours l’erreur sur ma photo ; la pointe de l’entrejambe la plus longue devrait être devant Vérifiez encore une fois que la pointe la plus longue de l’entrejambe est bien sous la tête du renne en feutrine ma photo est enfin correcte ! Sous le menton, commencez à coudre le renne en feutrine, en remontant sur la tête Cousez le tour de la tête du renne en feutrine Faites la couture du dos et celle de la petite queue Épinglez la pointe sous la queue, de chaque côté des flancs du renne Descendre en cousant vers la jambe Coudre un côté de l’entrejambe Vous devez normalement être au poitrail de l’animal Épinglez le poitrail, de la même manière que précédemment lorsque vous avez épinglez la point de dessous la petite queue Coudre en remontant jusque sous la tête à la pointe, redescendez sur l’autre côté Continuez de redescendre vers la jambe suivante Arrêtez-vous de coudre juste après avoir fini la jambe ; laissez le fil en attente Commencez à rembourrez chaque patte en vous aidant d’un bâtonnet ; chaque patte doit être rembourrée avec délicatesse mais le rembourrage doit être très ferme très tassé pour que le renne en feutrine tienne bien sur ses pattes Une fois les quatre pattes rembourrées très fermement mais il faudra sûrement y revenir, rembourrez aussi fermement la tête et la petite queue Rembourrez le ventre. Testez l’assise de votre renne en feutrine. Il faudra certainement remettre de la laine entre le ventre et les pattes pour que tout soit bien ferme, en vous aidant du bâton Recommencez à coudre ; alternez avec le rembourrage, toujours afin que le tout soit ferme Voici le ventre et l’entrejambe terminés Il est temps de passer maintenant aux andouillers que l’on couds deux par deux On les rembourre délicatement avec notre bâtonnet ; tout doit être ferme pour que les andouillers ne pendent pas ce qui serait une atteinte à la dignité de notre cervidé ! ; les coudre au sommet de son crâne Passons aux oreilles ! Si l’on veut – mais ce n’est pas une obligation -, on peut faire un tour de feston autour d’elles Avec votre fil et votre aiguille, plissez la base de chaque oreille ; solidifiez la couture Coudre les oreilles juste sous les andouillers Votre renne est terminé ! Notez bien qu’avec le même patron, mais imprimé à des échelles différentes, vous pouvez réaliser des faons et des biches ; pour cette dernière, je n’ai pas eu le temps de tester, mais par contre, le patron fonctionne super bien pour les faons ! Amusez-vous bien ! Retrouvez d’autres idées de l’Avent sur le site Chant des Fées Des histoires de l'Avent L'histoire de l'arbre qui rêvait d'une fleur L'histoire Les moissons du roi Hiver L'histoire de Lucia, la porteuse de lumière L'histoire du roi Hiver, de dame Holle et de la princesse Neige L'histoire Le petit prince pain d'épices Un conte Inuit pour le solstice d'hiver Des poésies, versets et jeux de doigts Une poésie qui met en relief l'importance de l'hiver Qui aime le plus les arbres ? De jolis poèmes d'hiver de divers auteurs Deux poèmes de Maurice Carême Un jeu de doigts des fées de l'hiver Deux jolis versets pour l'Avent à réciter en famille et pour terminer l'année en poésie Verset de Nouvel An Des activités manuelles Le patron de la maison pain d'épices au crochet Tricoter Sleipnir, le cheval fabuleux du dieu Odin/Wotan ! Cousez et décorez de jolis sapin en feutrine ! Réaliser un sapin de Noël en feutrine tout décoré Créer un vitrail étoile Réaliser un photophore en aquarelle huilée Coudre une botte de l'Avent en feutrine décorée Feutrer un âne à l'aiguille Réaliser des ornements en papier plié Créer un sapin enroulé de laine et perles Coeur tressé sur papier aquarelle Boeuf en laine feutrée à l'aiguille Une déco à suspendre en pliage et papier découpé Des étoiles jolies et faciles Tutoriel de peinture peindre un sapin Coudre des bonshommes pain d'épice Crocheter une guirlande sapins Coudre un coeur en feutrine au motif végétal Feutrer à l'aiguille des flocons étoiles Coudre un renne à l'aiguille Feutrer un Tomten à l'aiguille Coudre l'enfant soleil et son berceau féerique Créer une poupée pour la nuit des mères Peindre le nouveau soleil Des événements collectifs à organiser Un jeu de table magique pour l'Avent Réaliser Le jardin de l'Avent Des chants Chanter Noël en allemand avec les Weinachtslieders Chanter un ancien chant de Noël français Des articles de fond Un peu de réflexions sur le festival de l'Avent On continue la réflexion avec Un avent aux racines païennes ? Clore cette petite réflexion avec l'article Est-ce que l'éducation Waldorf est chrétienne ? Célébrer des festivals avec les jeunes enfants Un tout petit peu de cuisine Cuisiner des Mannele 100 % sarrasin pour le 6 décembre Pour célébrer le solstice Le conte Les fées de Yule L'histoire de la déesse Sunna Un conte cherokee pour le solstice d'hiver Retrouvez aussi tous mes contes de l'Avent et de nombreuses activités dans "Mon cahier d'activités Steiner - Hiver" paru en septembre 2019 aux éditions La Plage ! Tous mes livres sont basés sur la roue celte de l'année, une roue qui inspire de plus en plus de familles en quête d'un alignement avec les saisons. L'Avent sur Chant des Fées Retrouver d'autres idées sur Chant des Fées pour un Avent magique, avec Des histoires de l'Avent L'histoire de l'arbre qui rêvait d'une fleur L'histoire Les moissons du roi Hiver L'histoire de Lucia, la porteuse de lumière L'histoire du roi Hiver, de dame Holle et de la princesse Neige L'histoire Le petit prince pain d'épices Un conte Inuit pour le solstice d'hiver Des poésies, versets et jeux de doigts Une poésie qui met en relief l'importance de l'hiver Qui aime le plus les arbres ? De jolis poèmes d'hiver de divers auteurs Deux poèmes de Maurice Carême Un jeu de doigts des fées de l'hiver Deux jolis versets pour l'Avent à réciter en famille et pour terminer l'année en poésie Verset de Nouvel An Des activités manuelles Le patron de la maison pain d'épices au crochet Tricoter Sleipnir, le cheval fabuleux du dieu Odin/Wotan ! Cousez et décorez de jolis sapin en feutrine ! Réaliser un sapin de Noël en feutrine tout décoré Créer un vitrail étoile Réaliser un photophore en aquarelle huilée Coudre une botte de l'Avent en feutrine décorée Feutrer un âne à l'aiguille Réaliser des ornements en papier plié Créer un sapin enroulé de laine et perles Coeur tressé sur papier aquarelle Boeuf en laine feutrée à l'aiguille Une déco à suspendre en pliage et papier découpé Des étoiles jolies et faciles Tutoriel de peinture peindre un sapin Coudre des bonshommes pain d'épice Crocheter une guirlande sapins Coudre un coeur en feutrine au motif végétal Feutrer à l'aiguille des flocons étoiles Coudre un renne à l'aiguille Feutrer un Tomten à l'aiguille Coudre l'enfant soleil et son berceau féerique Créer une poupée pour la nuit des mères Peindre le nouveau soleil Des événements collectifs à organiser Un jeu de table magique pour l'Avent Réaliser Le jardin de l'Avent Des chants Chanter Noël en allemand avec les Weinachtslieders Chanter un ancien chant de Noël français Des articles de fond Un peu de réflexions sur le festival de l'Avent On continue la réflexion avec Un avent aux racines païennes ? Clore cette petite réflexion avec l'article Est-ce que l'éducation Waldorf est chrétienne ? Célébrer des festivals avec les jeunes enfants Un tout petit peu de cuisine Cuisiner des Mannele 100 % sarrasin pour le 6 décembre Pour célébrer le solstice Le conte Les fées de Yule L'histoire de la déesse Sunna Un conte cherokee pour le solstice d'hiver Retrouvez aussi tous mes contes de l'Avent et de nombreuses activités dans "Mon cahier d'activités Steiner - Hiver" paru en septembre 2019 aux éditions La Plage ! Tous mes livres sont basés sur la roue celte de l'année, une roue qui inspire de plus en plus de familles en quête d'un alignement avec les saisons. Pour des idées créatives et inspirantes, découvrez tous mes livres parus aux éditions La Plage Chères lectrices et lecteurs, Les liens affiliés permettent principalement aux fées de rémunérer l'hébergeur Infomaniak, certains services logiciels apportant au site des fonctionnalités payantes plugins premium. Ces liens portent uniquement sur des livres que j'ai choisis avec soin, parce qu'ils correspondent à la ligne éditoriale de Chant des Fées et répondent à des critères de qualités, de valeurs humanistes, écologiques, artistiques et créatives. Naturellement, je lis tous les livres que je recommande. Chant des Fées contient plus de 590 articles entièrement gratuits, un chiffre qui est en évolution constante. Cela représente un temps de travail que votre participation, en cliquant sur ces liens affiliés, ne rémunère pas à proprement dit ; cependant, votre action renvoie tout de même de la valeur au travail considérable effectué, et soutient l'auteure, sans omettre celle que vos commentaires et échanges apportent aux fées ! Elles vous remercient chaleureusement pour votre Monique
Kya, petite fille abandonnée, a grandi seule dans les dangereux marécages de Caroline du Nord. Pendant des années, les rumeurs les plus folles ont couru sur la "Fille des Marais" l’isolant davantage de la communauté. Sa rencontre avec deux jeunes hommes de la ville ouvre à Kya un monde nouveau. Mais lorsque l'un d'eux est retrouvé mort, toute la communauté la considère immédiatement comme la principale suspecte. MERCREDI 7 - 20H30VENDREDI 9 - 20H30SAMEDI 10 - 14H30Espace Robert-Doisneau
Scène première Scène II Scène III Scène IV PDF Comédie en vers. Écrite en mai 1854. Représentée pour la première fois, à Paris, sur le Théâtre-Français, le 22 février 1930. Personnages DENARIUS OSCAR BALMINETTE MADAME ANTIOCHE LA FORÊT Une forêt après la pluie. Foule de fleurs et de plantes. Au premier plan, lilas, acacias et faux ébéniers en fleur. Un ruisseau. Un étang. Un âne attaché à un arbre. Flaques d’eau dans l’herbe. Un rayon de soleil dans les feuilles. On voit écrit sur un poteau IL Y A ICI DES PIÈGES À LOUP. Scène première Entre DENARIUS, rêvant Il tombe encore quelques gouttes de pluie. DENARIUS. Je n’ai jamais aimé de femme. C’est ma force. Bois, je ne grave point de nom sur votre écorce. Il fait quelques pas dans la forêt. Je sens que je deviens loup. Ce progrès me plaît. C’est bien. Quand il contient un loup, l’homme est complet – Il pleut encore un peu. Regardant autour de lui. Le ciel qu’un souffre essuie A vidé dans les champs tout l’écrin de la pluie. L’orage, avec l’essaim des nuages pourprés, S’enfuit et laisse pleins d’émeraudes les prés ; La luzerne, fouillis où méditent les lièvres, Montre plus de joyaux que le quai des Orfèvres ; La mûre sur la ronce est un rubis vermeil ; Les brins de folle avoine, agités au soleil, Deviennent, sous le vent qui passe par bouffées, Grappes de diamants pour l’oreille des fées. C’est beau. – Mais que la vie est triste ! – Ô vert séjour, Bois, c’est dit, je m’envole, et je casse l’amour, Fil que la femme attache à la patte de l’âme. Je mets mon avenir en liberté. Je blâme Le bon Dieu d’avoir fait l’homme de deux morceaux Dont l’un est une femme. Écoutant. Ah ! j’entends les oiseaux, La pluie a cessé. – Dieu ! que la vie est morose ! Où trouver l’idéal ? Ô vide du cœur ! UN PAPILLON, à une violette. Rose ! LA VIOLETTE. Flatteur ! LE PAPILLON. Un baiser. LA VIOLETTE. Prends. LE PAPILLON, au lys. Je t’aime, ô lys ! LE LYS. Coureur ! LE PAPILLON. Un baiser. LE LYS. Prends. DENARIUS. L’amour est une vieille erreur ; Le cœur est un viscère. Aimer ! sotte aventure. L’homme est fait pour rêver au fond de la nature ; Contempler l’infini dans les cieux transparents, Voilà tout le destin de l’homme. LE PAPILLON, à un liseron. Un baiser. LE LISERON. Prends. Scène II La pluie a tout à fait cessé. Soleil partout. Toutes sortes d’êtres. UNE VOIX, dans l’air. C’est le printemps qui vient, ce frère de l’aurore ; C’est la saison qui rit, sœur de l’heure qui dore ; C’est l’instant où verdit le sillon nourricier, Où, sonore et gonflé des fontes du glacier, L’Arveyron bleu s’accouple au flot jaune de l’Arve, Où mai sort de l’hiver et le sphinx de sa larve ; Bonheur ! Soleil ! Les maux et les froids sont finis ; L’azur est dans le ciel, l’amour est dans les nids ; L’amour trouble les yeux de vierge des gazelles ; Oiseaux, mêlez vos chants ; âmes, mêlez vos ailes ; Gloire à Dieu ! UN MOINEAU FRANC, sortant de dessous les feuilles et secouant ses ailes. Dehors, tous ! Au signal donné par le moineau, un mouvement extraordinaire agite la forêt. Il semble que tout s’éveille et se mette à vivre. Les choses deviennent des êtres. Les fleurs prennent des airs de femmes. On dirait que les esprits des plantes sortent la tête de dessous les feuilles et se mettent à jaser. Tout parle, tout murmure, tout chuchote. Des querelles çà et là . Toutes les liges se penchent pêle-mêle les unes vers les autres. Le vent va et vient. Les oiseaux, les papillons, les mouches vont et viennent. Les vers de terre se dressent hors de leurs trous comme en proie à un rut mystérieux. Les parfums et les rayons se baisent. Le soleil fait dans les massifs d’arbres tous les verts possibles. Pendant toute la scène, les mousses, les plantes, les oiseaux, les mouches se mêlent en groupes qui se décomposent et se recomposent sans cesse. Dans des coins, des fleurs font leur toilette, les joyeuses s’ajustant des colliers de gouttes de rosée, les mélancoliques faisant briller au soleil leur larme de pluie. L’eau de l’étang imite les frémissements d’une gaze d’argent. Les nids font de petits cris. Pour le voyant, c’est un immense tumulte ; pour l’homme, c’est une paix immense. UN BOUTON D’OR, à une pâquerette. Vois, ma sœur du gazon, Le soleil éclater de rire à l’horizon. LE MOINEAU. Beaux jours ! Chacun s’en va vers sa terre promise, Et part pour son éden. L’anglais fuit la Tamise, Le turc cherche la Mecque, et le grec lorgne Spa. UN HOCHEQUEUE. Congé ! UNE ABEILLE. La clef des champs ! UN MOUCHERON, apercevant une rose et se tournant vers le soleil. Baiserai-je, papa ? LE MOINEAU. L’artificier Phœbus là -bas tire sa gerbe. UN MYOSOTIS. Un peu d’arc-en-ciel tremble au bout de tout brin d’herbe. UNE BRANCHE D’ARBRE. Ce bougon de nuage est parti. C’est charmant. Jouons. UNE CHOUETTE, du creux d’un saule. Arbres, fleurs, nids, profitez du moment, Vivez, chantez ! jasez comme un club de portières ! Mais gare l’oiseleur ! Gare les bouquetières ! Gare le bûcheron ! LES FLEURS. Tout ça, c’est des ragots. LES OISEAUX. Nous ne te croyons pas. LA CHOUETTE. Prenez garde. LES BRANCHES D’ARBRE. Fagots ! LE MOINEAU, chantant. Comme j’allais entrer pour lorgner dans l’église Cidalise, Je me suis arrêté pour prendre le menton À Goton. LE HOCHEQUEUE. Que chantes-tu là ? LE MOINEAU. J’ai cueilli cette morale Du temps où, ne rêvant qu’églogue et pastorale, Dans les bois de Meudon, j’avais pris pour palais La barbe d’un vieil antre, ami de Rabelais. Aux oiseaux. Hé ! venez voir, pinsons, verdiers, les geais, les merles ! La toile d’araignée est un sac plein de perles. UN NÉNUPHAR, se penchant. Charmant ! L’ARAIGNÉE. J’aimerais mieux des mouches. LES OISEAUX. Nous aussi. UNE ORTIE. L’oiseau vaut le chat. LES GOUTTES DE PLUIE, tombant de feuille en feuille. Ut-Ré-Mi-Fa-Sol-La-Si- Ut. LE MOINEAU. Çà , jouons. LE HOCHEQUEUE. Faisons un horrible vacarme. DENARIUS, en contemplation. Frais silence ! UNE GOUTTE D’EAU, en tombant. J’étais diamant, je suis larme. Femmes, ne tombez pas. LE MOINEAU. La femme, ô goutte d’eau, Ne tombe pas ! Va voir à Mabille, au Prado, Partout où l’amour mène à grands guides son coche, Au Wauxhall. L’homme tombe, et la femme... LA SURFACE DE L’ÉTANG. Ricoche. LA LAVANDE. La taille de la guêpe est charmante. L’ORTIE. Corset. LA GUÊPE. Cette lavande en fleur sent bon. LA RONCE. Water-closet. LES PAPILLONS. Jouons ! LES OISEAUX. Courons ! LE MOINEAU. Pillons ! L’ordre c’est le délire. Entre un paon. LE PAON. Quel tumulte de chants et de cris ! Bruit de lyre Mêlé de grincements. Sous ces acacias On croirait qu’Apollon écorche Marsyas. LE MOINEAU. À sac les fleurs ! Drinn ! Drinn ! LE PAON. Toi qui fais ce tapage, Qu’es-tu ? LE MOINEAU. Je suis gamin ; autrefois j’étais page. Je m’ébats, cher seigneur. Si je n’étais voyou, Je voudrais être rose et dire I love you. Je suis l’oiseau gaité, rapin de l’astre joie. À nous deux nous faisons le printemps. L’aigle et l’oie Sont nos deux ennemis, l’un en haut, l’autre en bas. Vous êtes entre eux deux. Bonsoir. Il se jette au milieu da tumulte. Hé ! Les oiseaux l’accueillent avec de grands cris de joie. Les fleurs et les feuilles s’effarent. Il se tourne vers le paon qui se pavane. Je m’ébats. Entre un essaim de frelons. LES FRELONS, chantant. À bas Socrate, Épicure, Shakespeare, Gluck, Raphaël ! À bas l’astre ! à bas le ciel ! Vivent la bave et le fiel, L’ombre obscure, La piqûre Sans le miel ! LE MOINEAU. À bas les noirs frelons avec leurs voix d’eunuques ! Les oiseaux poursuivent et chassent les frelons avec de grands cris. LES VIEUX ARBRES, aux oiseaux. Vous faites trop de bruit ! Paix donc ! LE MOINEAU, aux arbres. Salut, perruques ! LE HOCHEQUEUE. Académiciens, fichez-nous donc la paix. Je sais, vous êtes sourds et vous êtes épais, Soit. Contentez-vous-en. Foin de vos vieux branchages Où l’antique Zéphyr redit ses rabâchages ! UN PIQUEBOIS. À bas, vieux grognons ! LE MOINEAU, regardant autour de lui. Mais, palsambleu ! c’est la cour Que ce bois ! C’est Versailles et l’Œil-de-bœuf... À une touffe de bruyère. Bonjour. La Bruyère. À une branche d’arbre. Bonjour, Rameau. À une corneille sur le rocher. Bonjour, Corneille. Au nénuphar. Bonjour, Boileau. À un papillon blanc qui tourne autour d’une rose épanouie. L’enfant, laisse là cette vieille, Elle est d’hier matin. Le papillon s’en va. LA ROSE. Que cet âge est grossier ! LES FLEURS, à un limaçon qui passe. Fi ! le vilain ! LE LIMAÇON. Tout beau ! je suis un financier, Je laisse de l’argent derrière moi, les belles. PLANTES et FLEURS, en foule, se penchant vers le papillon blanc. Viens ! viens ! beau papillon ! LE PAPILLON. Vos noms, mesdemoiselles ? LE SOUCI. Mariage. L’ORTIE. Vertu. LA ROMAINE. Porcia. LE LIERRE. Bon Accord. LA SALSEPAREILLE. Mon nom est force, amour, santé. L’ORTIE. Signé Ricord. UN ROSIER EN FLEUR, au Papillon. Viens chez moi. Mes boutons sont des cachettes d’âmes. Le papillon se précipite dans le rosier et y disparaît. LE MOINEAU. Le tonnerre devrait faire des mélodrames. A-t-il fait tout à l’heure assez de bruit pour rien ! Au hochequeue. Regarde. Le bois chante un hymne aérien. Parmi les Cupidons, marmaille vive et leste, Bambins ailés, Vénus, bonne d’enfants céleste, Sourit dans l’ombre à Mars, le divin tourlourou. UN NUAGE. Le bonheur, c’est le ciel ! UN RAMIER. C’est le nid ! LA CHOUETTE. C’est un trou. LA RONCE, chantant. Les moutons, promis aux fourchettes, Passent là -bas ; j’entends leurs voix. Sonnez, clochettes, Au fond des bois. Le beau Narcisse est en manchettes ; Silène a mis toutes ses croix. Sonnez, clochettes, Au fond des bois. Les Jeannots avec les Fanchettes Vont folâtrer en tapinois. Sonnez, clochettes, Au fond des bois. Les faunes, hors de leurs cachettes. Avancent leur profil sournois. Sonnez, clochettes, Au fond des bois. DENARIUS. Ô nature farouche, âpre, chaste, superbe, Je vis en toi ! J’écoute avec amour ton verbe ! UNE GIROFLÉE. Tiens, tiens ! Je n’avais pas encor vu ce grimaud. Quels ongles noirs ! DENARIUS. Tout est énigme et tout est mot. Oh ! je sens la forêt pleine de la chimère ! La création, c’est une sombre grammaire. L’invisible, au réel mêlé, change un rayon En regard, et la fleur et l’arbre en vision. Les hommes sont en proie aux choses. Le mystère Leur parle, même après le rire de Voltaire. S’ils n’ont plus Zoroastre, ils ont Cagliostro. UNE GRUE, au vent qui lui ébouriffe les plumes. Du respect ! je suis femme ! Elle donne des coups de bec et des coups de patte de tous les côtés avec colère. LE HOCHEQUEUE. Unguibus. LE MOINEAU. Et rostro. LES ARBRES. Paix ! DENARIUS, contemplant. Le mot de l’énigme est sépulcre. UN CONCOMBRE. Vinaigre. LE PAPILLON, sortant du rosier. Oh ! les fleurs ! UNE SAUTERELLE. J’aime mieux les herbes. LES FLEURS. Grande maigre, Va te faire engager à l’Opéra. Elles se penchent furieuses pour chasser la sauterelle. LE MOINEAU. Satan ! Quel hourvari ! LES FLEURS. Va-t’en, puce des blés ! LA ROSE. Va-t’en ! UN PIED-D’ALOUETTE. Prends garde à toi ! La fleur peut s’envoler. UNE GUEULE-DE-LOUP. Et mordre. LES ARBRES. Paix là ! L’âne broute le pied-d’alouette, la sauterelle et la gueule-de-loup. LE MOINEAU. Hé ! que fais-tu, toi ? L’ÂNE. Je rétablis l’ordre. LE MOINEAU. C’est un peu fort, monsieur de Montmorency. Scène III DENARIUS, rêvant Champs Que l’orgue de l’azur emplit de ses plains-chants, Cieux où le jardinier éternel se promène Versant les fleurs, la vie et la joie à la plaine, Des cribles du nuage, opulent arrosoir, Vénus, astre, esprit, flamme, œil du cyclope soir, Ô nature, c’est vous, c’est moi ! Je vous adore. Votre aile couve l’âme et je me sens éclore. – Tout se donne pour rien ici, tout est gratis, Et les petits sont grands, et les grands sont petits, Et la création s’offre à la créature. Ces grands arbres, seigneurs de toute la nature, À qui Dieu pour valets donne les mois changeants, Ne prêtent point sur gage et sont d’honnêtes gens. Champs ! on peut être pauvre et bien avec l’aurore. Bois, vous nous prodiguez votre souffle sonore, Tu nous donnes, soleil, ton rayon éclatant. Et vous ne dites pas au pauvre homme C’est tant ! On boit quand on a soif ; on n’entend pas la source Vous murmurer Combien as-tu ? Voyons ta bourse. Salut, honnête bois. Vous n’êtes pas, ô loups, Des hommes ; les halliers ne sont point des filous. Vent, sève, azur, salut ! Vous n’êtes pas, nuées, Des coureuses de nuit et des prostituées. – Tout chante un opéra mystérieux ici. De partout, du rocher, des fleurs, du tronc noirci. De ce qui se contemple et de ce qui se cueille, Des prés, des gouttes d’eau tombant de feuille en feuille, Des branches saluant quelqu’un dans l’infini, De la mouche, du vent, du nid calme et béni, Une oreille invisible entend sortir des gammes. L’herbe sent tressaillir les monstres cryptogames, L’informe champignon chante un chant inconnu. Tout est doux dans cette ombre, et tout est ingénu. La femme y manque, bien qu’on y trouve la ronce. L’antre pensif, pareil au sourcil qui se fronce, Est un sage ; l’oiseau nous salue en buvant ; Les arbres pleins de pluie ont l’air d’aider le vent Et semblent essuyer le ciel avec leur cime. Oh ! je veux m’engloutir dans ce paisible abîme ! Rêvant. – Les arbres, dans leurs troncs et sous leur orteil noir, Ont des trous pleins de mousse et d’herbe, et l’on croit voir De petits dieux blottis dans tous ces petits antres. Des cupidons frisés montrent partout leurs ventres. S’enfonçant dans sa rêverie. – Pourquoi pas ? Je serais un homme primitif. Ma grotte sombre aurait l’azur pour pendentif. J’aurais une cahute en branchages couverte, Et je savourerais, seul dans ma stalle verte, Force partitions que m’exécuterait Le vent musicien dans l’orchestre forêt. Tapi dans l’ombre où l’hymne universel commence, Je battrais la mesure à la nature immense. À l’heure où, réveillant le pâtre et le faucheur, L’aube sacrée emplit l’horizon de blancheur Et des trous du taillis fait de claires fenêtres, Marcher, vivre ! Être là quand chuchotent les êtres. Les oiseaux, ces enfants, le chêne, cet aïeul ! Écouter, dans, le jonc, l’épine et le glaïeul. Les déesses jaser au fond des grottes noires, Et rire et se jeter de l’eau dans leurs baignoires ! Être de ceux à qui les nymphes se font voir ! Ciel ! rêver quand l’étang offre aux nuits son miroir, Quand le vent vient peigner les cheveux verts du saule, Et voir sortir de l’eau quelque ineffable épaule ! Contempler dans la source, à l’ombre des buissons, De vagues nudités flottant sous les cressons ! Vivre dans les frissons et dans les dithyrambes ! Voir la naïade aux yeux d’astre laver ses jambes ! – Je suis fou. Mon esprit patauge en plein Chompré. Non, restons dans le vrai, dans l’herbe, dans le pré. C’est assez d’être un loup, ne soyons pas un faune. Appeler un lys Flore et voir Pan dans un aulne, Croire entendre quelqu’un quand on parle à l’écho. Empoisonner de dieux les champs, c’est rococo. Le vrai suffit. Soyons un simple philosophe. Quand Cybèle disait à l’homme enfant Dodophe, Lorsque l’humanité tétait son pouce, bon ! La fable avait son prix. Mais l’homme est un barbon, Diable ! à présent, l’esprit humain porte perruque, Et notre raison branle une tête caduque. Croire aux nymphes est bête. Il faut être réel. Rêvant. – Vivre comme l’ours, grave et seul, avec le ciel, À la bonne heure ! Au diable Anna, Toinon, Lisette, Madame la marquise et mam’zell’ la grisette, La femme en bloc ! les yeux noyés, les yeux fripons ! Ouragan, ouragan, emporte les jupons ! Délivre-nous ! – Je hais la femme en théorie. Sa fidélité fait rire ma rêverie. Son cœur compte dix, vingt, trente, cent jamais un. Elle achète au coiffeur pour deux sous de parfum. Elle est blanche ? un accès de colère elle est bleue. Dans ses cheveux se tord le serpent fausse queue. L’été vient triste fleur, le soleil l’enlaidit, Les taches de rousseur la rouillent. Elle dit Je sue. Elle est trop grasse ou trop maigre. Cet ange Crotte ses bas. C’est faux, c’est perfide. Ça mange. La portière le soir lui glisse des billets. Ô seules belles, fleurs, seules vierges ! œillets, Pervenches, lys, muguets, jonquilles, pâquerettes, Dont le seul papillon touche les collerettes, Dieux purs qui vous ouvrez dans l’ombre au bleu matin, Douces fleurs, je ne veux aimer que vous. CHŒUR DES FLEURS. Crétin ! UNE PIERRE. Fossile ! L’ÂNE. Âne ! UNE GRENOUILLE. Crapaud ! LES FLEURS. Porte ailleurs tes semelles ! DENARIUS. Soyez mes femmes, fleurs. LES FLEURS. Ciel ! être les femelles D’un tel mâle ! DENARIUS. Je veux baigner mon front en feu Dans vos seins ! me rouler dans vos lits ! LA VIOLETTE. Sacrebleu ! DENARIUS. Fleurs ! LA PERVENCHE. Qui nous a flanqué cette brute splendide ? LA MANDRAGORE. C’est Bobèche effaré qui croit être Candide. DENARIUS. Je vous aime ! Soyez mon sérail, liserons ! LES LISERONS. Viens-y ! L’ORTIE. Viens-t’y frotter ! LES AUBÉPINES. Nous te caresserons Le visage, le front, le nez !... LA GIROFLÉE. J’aurai cinq feuilles. DENARIUS. Forêt, caverne d’ombre et de paix qui m’accueilles, Merci. – Le désert seul résiste à l’examen. Paris est fou ; la femme est le revers humain ; La femme de la vie est le mauvais visage ; Penseur, sois veuf ; voilà ta vie, à sage ! L’ÉCHO. Osage ! DENARIUS, à la forêt. J’ai découvert ceci, bois, dans ta profondeur La fleur est la beauté, la femme est la laideur. MURMURE DES ARBRES. Amour ! amour ! amour ! DENARIUS, apercevant une rose. Ô rose diaphane. Si chaste qu’on dirait que le regard te fane, Dieu prit, pour composer ton souffle gracieux, Toute la pureté qui flotte dans les cieux. Puisque tu brilles, fleur, l’étoile est superflue. Je t’aime ! LA ROSE. Il faut aimer une fille joufflue, Mon cher. DENARIUS, avançant la main vers la rose. Sois à moi. – Viens ! LA ROSE. Ne me tutoyez pas. Elle lui pique les doigts. LES AUTRES FLEURS. Elle a bien répondu, la duchesse ! DENARIUS, égouttant le sang de son doigt. Aïe ! Il s’éloigne et retombe dans son extase. Appas Du désert ! ... ... Dites, fleurs, champs, sentiers non foulés, Que faut-il faire, oiseaux, pour être heureux ? Parlez, Arbres qui caressez le penseur quand il entre. LE LIERRE. Prends patience. UNE HIRONDELLE. Prends la poste. UNE CITROUILLE. Prends du ventre. DENARIUS. Où trouver la figure idéale du cœur ? L’homme va, poursuivi par un rire moqueur. L’ombre, derrière nous, rit. VOIX DANS L’AIR. Lumière et pensée ! Ô ciel époux, reçois la terre fiancée. Êtres, l’amour est flamme et l’amour est rayon ; Il tend d’en haut la lèvre à la création, Et la nature pose, en entr’ouvrant son aile, L’universel baiser sur la bouche éternelle ! LES ARBRES. Amour ! amour ! amour ! DENARIUS. De moment en moment La paix me gagne ; ô joie ! anéantissement ! Pour la vie ! être seul dans les bois, c’est le rêve, C’est tout ! le paradis, c’est la solitude. UNE POMME, lui tombant sur la tête. Ève. Entrent Balminette et madame Antioche. Au fond, dans le taillis, Oscar qu’on ne voit pas. Scène IV DENARIUS, BALMINETTE, MADAME ANTIOCHE, OSCAR, au fond, LA FORÊT BALMINETTE. Oscar est jaloux comme... MADAME ANTIOCHE. Ah ! j’en ai plein le né, D’Oscar. – Beau temps ! Le ciel est rebadigeonné. C’est comme à l’Opéra dans les apothéoses. BALMINETTE. J’ai joliment dîné. J’ai mangé de huit choses. OSCAR, au fond, criant. Par ici. BALMINETTE. C’est joli. Regarde donc, l’étang Est comme une croisée. Apercevant Denarius. Oh ! quel orang-outang ! DENARIUS. J’ai peur d’avoir trouvé cette femme jolie. MADAME ANTIOCHE. Mes souliers trop étroits font ma mélancolie ; J’ai trop marché, j’ai mal à mon cor, Balmina. LE CAILLOU DE SENTIER. Le pied qu’on veut avoir gâte celui qu’on a. Denarias contemple Balminette. DENARIUS. Cette femme a dans l’œil la céleste étincelle. C’est Diane, ou Psyché ! LE MOINEAU. Ça, c’est mademoiselle Balminette, lingère en chambre, rue aux Ours, Numéro trois. BALMINETTE. Oscar, attends-nous ! Elle fredonne. Nos amours Ont duré... OSCAR, au fond. Par ici ! viens ! BALMINETTE, fredonnant. Toute une semaine... DENARIUS. Si ce n’est pas Psyché, c’est au moins Célimène. LE MOINEAU. Balminette, animal ! L’ORTIE. Et l’autre domino C’est madame Antioche, actrice à Bobino. DENARIUS. Oui, c’est Agnès. Ses yeux sont tout bleus d’ignorance. BALMINETTE, à madame Antioche. Des vieux que nous servons connais la différence. Le tien donne un chapeau, le mien donne un coupé. Je vais avoir salon, cocher et canapé. J’entre chez moi demain. DENARIUS. Ce sont deux tourterelles. Deux fleurs, deux lys ! La blonde est divine. L’ORTIE, aux fleurs. Ces belles, Nos sœurs, ont pris racine et puisent leur gaîté, Leurs châles, leurs rubans et leurs robes d’été, L’une dans un banquier, et l’autre dans un juge. LA RONCE. Tout coffre-fort recèle un ange qui le gruge. LE MOINEAU. La nature dédie aux roses le fumier. BALMINETTE. Donc, foin de la mansarde et je vole au premier. MADAME ANTIOCHE. Tu lâches Oscar ? BALMINETTE. Mais ! MADAME ANTIOCHE. Oscar en mourra. BALMINETTE. Brute ! – Sais-tu que c’est gentil, ce bois-ci ! – L’herbe jute, Par exemple ! – On pourrait cueillir sous ce rocher Une salade. MADAME ANTIOCHE. J’ai de la peine à marcher. Apercevant l’âne. Si l’ânier était là , je me paierais bien l’âne. L’ÂNE. À l’heure. – Comme toi, Javotte ! MADAME ANTIOCHE, appelant. Oscar ! BALMINETTE. Il flâne. Laisse-le. MADAME ANTIOCHE. Balmina, vraiment, c’est un Mahieu Que ton banquier. BALMINETTE. Divan, six fauteuils, clamas bleu. Un salon Louis quinze, un boudoir renaissance. Moi, je suis bonne et j’ai de la reconnaissance. L’ORTIE. Au mont-de-piété. BALMINETTE. Ce vieux m’aime. MADAME ANTIOCHE. Un Mahieu ! BALMINETTE. Le plafond de ma chambre est peint en camaïeu, Genre ancien. MADAME ANTIOCHE. Mais Oscar... BALMINETTE. Oscar est jaloux comme... Et puis il est menteur, fourbe, ingrat, économe. C’est un serin. MADAME ANTIOCHE, secouant sa robe. Vraiment, la pluie a tout trempé. BALMINETTE. Oscar, c’est l’omnibus ; Mahieu, c’est un coupé. Je préfère Mahieu. DENARIUS, les observant toujours sans être vu et de derrière un arbre. Je sens s’ouvrir mon âme Devant ce chapeau rose aux yeux bleus. LE MOINEAU. Jusquiame, Quel est le vrai poison qui rend fou ? LA JUSQUIAME. Le regard. LE MOINEAU. L’amour pince déjà ce bélître hagard. Achevons-le. Donnons ce cuistre à Balminette. LE CAILLOU, du sentier. Elle a le pied petit et la jambe bien faite. LE MYOSOTIS, à un ruisseau. C’est dit. Incendions ce grand dadais transi. LE RUISSEAU, à Balminette qui est au bord et qui cherche à le traverser. Allons ! relève donc ta jupe. OSCAR, au fond. Par ici ! BALMINETTE, traversant le ruisseau. Je disais donc qu’Oscar est jaloux comme un tigre. LE RUISSEAU. Mais retrousse-toi donc, Margot ! BALMINETTE. Bigre de bigre ! Je me mouille les pieds. Nous sommes embourbés. Mes brodequins tout neufs de dix francs sont flambés ! MADAME ANTIOCHE, apercevant Denarius. Prends garde, Balminette, on voit ta jarretière ! BALMINETTE. Qu’est-ce que ça me fait ? Elles s’en vont. DENARIUS. C’est Vénus tout entière... LE MOINEAU. Non pas. Jusqu’au genou. DENARIUS. Je ne sais ce que j’ai. Je suis fou. Cette femme en passant m’a changé. Oui, c’est l’idéal, c’est la figure rêvée ! Oh ! cette robe blanche un instant soulevée ! L’éclair du paradis ! Tout mon corps a frémi ! C’est dit, je m’y ferai mener par quelque ami. Par qui ? Je ne sais pas son nom, je n’ai personne. Mon pouls est dans ma tempe une cloche qui sonne. La femme est tout ! Je suis pris, brûlé, dévoré. Oh ! je la reverrai, je la suivrai, j’irai, Je mettrai sous ses pieds mes rêves, mes idées, Tout ! Fallût-il franchir des murs de vingt coudées, Payer Vidocq, braver monsieur Oscar, l’enfer, La mort, et dans mes poings tordre des gonds de fer, Oui, j’irai ! L’ORTIE. Tu n’auras qu’à soulever le pêne. DENARIUS. J’aime ! LE MOINEAU. Enfin ! c’est heureux ! Nous eûmes de la peine ! LE CAILLOU, au ruisseau. Sans nous, si nous n’avions fait retrousser Goton, Ce Jocrisse risquait de devenir Platon. PDF